Patrice Emery Lumumba, dans nos rangs !

Dans le cadre des commémorations du 50ème anniversaire de l’indépendance du Congo et du meeting que le Bloc Marxiste-Léniniste met actuellement sur pied pour commémorer cet évènement, nous publions ici le testament de Patrice Lumumba. Le testament de Lumumba, à la veille de son assassinat, fut un appel au peuple congolais, aux patriotes et aux révolutionnaires. Il guida et guidera tous ceux qui luttent pour la libération du Congo. Il fut l'inspiration de l'insurrection de Soumialot et Mulele, leaders révolutionnaires, et de la création de la République Populaire du Congo à Stanleyville-Kisangani, en 1964. La voie ouverte par Lumumba sera victorieuse. Il est du devoir de tout communiste, de soutenir les luttes populaires dans les pays soumis à l'impérialisme et au néo-colonialisme. Notre devoir est de dénoncer et de combattre la bourgeoisie belge, en particulier, qui perpétue l'exploitation et l'oppression du peuple congolais, le racisme et le néo-colonialisme. C'est elle qui a assassiné Julien Lahaut, comme elle a assassiné Patrice Lumumba. Le combat est commun aux travailleurs des métropoles néocoloniales et à ceux des pays qu'elles oppriment.
Testament de Patrice Lumumba
Ma compagne chérie,
Je t’écris ces mots sans savoir s’ils te parviendront ; quand ils te parviendront et si je serai en vie quand tu les liras. Tout au long de ma lutte pour l’indépendance de mon pays, je n’ai jamais douté un seul instant du triomphe final de la cause sacrée à laquelle mes compagnons et moi avons consacré toute notre vie. Mais ce que nous voulions pout notre pays , son droit à une vie honorable, à une dignité sans tache, à une indépendance sans restriction, le colonialisme belge et ses alliés occidentaux – qui ont trouvé des soutiens directs et indirects, délibérés et non délibérés, parmi certains hauts fonctionnaires des Nations-Unies, cet organisme en qui nous avions placé toute notre confiance lorsque nous avons fait appel à son assistance – ne l’ont jamais voulu. Ils ont corrompu certains de nos compatriotes, ils ont contribué à déformer la réalité et à souiller notre indépendance
Que pourrais-je dire d’autre ?
Que mort, vivant, libre ou en prison sur ordre des colonialistes, ce n’est pas ma personne qui compte. C’est le Congo, c’est notre pauvre peuple dont on a transformé l’indépendance en une cage d’où l’on nous regarde du dehors, tantôt avec cette compassion bénévole, tantôt avec joie et plaisir. Mais ma foi restera inébranlable. Je sais et je sens au fond de moi-même que tôt ou tard mon peuple se débarrassera de tous ses ennemis intérieurs et extérieurs, qu’il se lèvera comme un seul homme pour dire non au capitalisme dégradant et honteux, et pour reprendre sa dignité sous un soleil pur.
Nous ne sommes pas seuls. L’Afrique, l’Asie et les peuples libres et libérés de tous les coins du monde se trouveront aux côtés de millions de Congolais qui n’abandonneront la lutte que le jour où il n’y aura plus de colonisateurs et leurs mercenaires dans notre pays. A mes enfants que je laisse et que, peut-être, je ne reverrai plus, je veux qu’on dise que l’avenir du Congo est beau et qu’il attend d’eux, comme il attend de chaque Congolais d’accomplir la tâche sacrée de la reconstruction de notre indépendance et de notre souveraineté, car sans dignité il n’y a pas de liberté, sans justice il n’y a pas de dignité, et sans indépendance il n’y a pas d’hommes libres.
Ni brutalités, ni sévices, ni tortures ne m’ont jamais amené à demander la grâce, car je préfère mourir la tête haute, la foi inébranlable et la confiance profonde dans la destinée de mon pays, plutôt que vivre dans la soumission et le mépris des principes sacrés. L’histoire dira un jour son mot, mais ce ne sera pas l’histoire qu’on enseignera à Bruxelles, Washington, Paris ou aux Nations-Unies, qu’on mais celle qu’on enseignera dans les pays affranchis du colonialisme et de ses fantoches. L’Afrique écrira sa propre histoire et elle sera au Nord et au Sud du Sahara une histoire de gloire et de dignité. Ne me pleure pas, ma compagne. Moi je sais que mon pays, qui souffre tant, saura défendre son indépendance et sa liberté.
Vive le Congo ! Vive l’Afrique !
Patrice Lumumba.