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Inflation et crise du Capital : construisons les armes pour combattre l'exploitation, abattre la bourgeoisie et son Etat

La crise du Capital - et le rôle de l'Etat.

Selon ses propres hérauts, le capitalisme traverse aujourd'hui une crise historique, comparable - pas moins - à celle de 1929.  De PTB et Besancenot jusqu'aux libéraux les plus convaincus, tous appellent aujourd'hui aux nationalisations, à l'intervention de l'Etat pour venir en aide au capital financier dont l'état naturel de chaos et de sauvagerie prend aujourd'hui des proportions telles que la bourgeoisie toute entière voit ses intérêts et ses richesses mises en péril.

Quant à lui, le prolétariat subit de plein fouet l'inflation et l'endettement.

Dans la phase actuelle de développement du mode de production capitaliste, l'impérialisme décrit par Lénine, le capital financier et le capital industriel ne peuvent être dissociés. Le premier est la condition d'existence du second. Le capital connaît depuis longtemps déjà une crise de surproduction de capitaux : la baisse tendancielle du taux de profit, l'hypertrophie du capital constant par rapport au capital variable, rend extrêmement difficile le maintien de taux de profit suffisants. Seuls l'investissement massif de capitaux dans la guerre et les mécanismes du crédit (pour l'Etat comme pour les particuliers) permettent à l'industrie d'écouler sa production, particulièrement dans les vieux pays capitalistes. La masse monétaire financière croît donc bien plus rapidement que la valeur totale des marchandises (capital constant ou biens de consommation), car le mode de production capitaliste - anarchique par nature - est devenu incapable d'assurer la reproduction et l'extension des forces productives.

L'Etat montre bien quel est son rôle : l'Etat est une arme, un outil puissant de la bourgeoisie en tant que classe, représentant ses intérêts collectifs (parfois contre une puissance bourgeoise étrangère, parfois contre un bourgeois ou groupe bourgeois particulier, toujours contre le prolétariat - son ennemi historique). L'Etat défend les intérêts de la bourgeoisie comme superstructure (judiciaire, politique et militaire) mais aussi dans son fonctionnement économique le plus organique. Sa nécessité pour la bourgeoisie apparaît clairement à tous (même aux plus libéraux) en temps de crise.

Les illusions petites-bourgeoises sur un Etat au-dessus des classes apparaissent bien ridicules aujourd'hui, lorsqu'après mille jérémiades sur l'impossibilité d'assurer des soins de santé, une sécurité sociale, décentes et la nécessité d'équilibrer les budgets, nos Etats parviennent en quelques heures à mettre des milliards d'euros sur la table pour sauver les banques et l'organisation bourgeoise de la richesse.

Contrairement à ce que les apôtres de la mondialisation capitaliste voulaient nous faire accroire, mais aussi les apôtres du genre d'ATTAC d'une autre mondialisation, les Etats restent bien l'arme centrale de la bourgeoisie, le rouage principal du mode de production capitaliste. Nos luttes doivent s'inscrire principalement dans ce cadre, à tout niveau, celui de la lutte de classe quotidienne (syndicale et extra-syndicale) comme celui de la construction du Parti Révolutionnaire.

Lutter contre l'inflation, lutter contre l'exploitation

L'augmentation de la masse monétaire fait baisser le prix des autres marchandises, en particulier celles qui servent à déterminer la valeur de la force de travail. La valeur d'une quantité déterminée de numéraire (d'un billet de banque donné par exemple) va donc diminuer par rapport à celle de toute autre marchandis: les prix augmentent. Nous renvoyons à ce propos aux extraits de la Contribution à la Critique de l'Economie Politique cités dans le texte suivant du présent numéro de Clarté.

Mais l'augmentation des prix des marchandises devrait également s'appliquer à la marchandise "force de travail", dont le prix s'appelle salaire, et dont la valeur est fonction des différentes marchandises qui la composent, et qui permettent à cette force de subsister et de se reproduire (tous les biens de consommation du prolétaire). Mais entre en jeu, en plus des simples calcules économiques, le moteur de l'histoire : la lutte des classes. La valeur de la force de travail, et son expression monétaire, est fonction d'un rapport de forces que nous devons inverser.

Par ailleurs, le capital financier a porté massivement sa spéculation sur un certain nombre de matières premières telles que le pétrole, approfondissant ainsi sa crise. Même si la valeur du pétrole a probablement augmenté (car il est de plus en plus difficile à produire), sa hausse de cet été ne s'explique pas uniquement par cela : elle est aussi le fruit d'une spéculation, et cette dernière est le fruit de la surproduction de capital. Il y a sur le marché des masses de capital qui cherchent à se valoriser. Le cycle de la valorisation industrielle paraissant trop long (et la fusion entre capital bancaire et industriel dans le capital financier, caractéristique de l'époque de l'impérialisme, étant achevée), ce capital s'engouffre dans la spéculation. Il provoque des hausses de prix terribles sur des  catégories de marchandises qu'il s'imagine susceptible d'augmenter plus que la moyenne et qui ont un cycle de production suffisamment long pour permettre cette hausse avant que l'augmentation de la production ne ramène le prix à la baisse (le pétrole, l'immobilier, ...). Le capital spéculatif (agissant à travers des milliers de traders) achète la marchandise en question et achète même à l'avance, via un système d'option, la marchandise pas encore produite et les éléments nécessaires à sa production). Il acquiert objectivement et collectivement la mainmise sur une partie conséquente de cette marchandise. Ceci permet une sorte de "prix de monopole" (sauf que c'est un monopole inconscient et collectif). La marchandise en question (et celles qui lui sont directement liées) ont un prix supérieur à leur valeur (y compris par rapport à la valeur de la marchandise "force de travail") pour deux raisons.

- soit qu'elles sont directement l'objet de la spéculation (le pétrole lui-même, et puis, en seconde ligne, le matériel de forage, les droits de prospection, etc.)

- soit qu'elles bénéficient indirectement de la spéculation car elles représentant une alternative partielle à la marchandise enchérie (le nucléaire, le charbon)

- soit qu'elles répercutent dans son prix la spéculation sur le pétrole qui est, dans son processus de production, est "capital constant" (toutes les marchandises qui nécessitent de l'énergie pour leur production) - dans le cas du pétrole, cela fait beaucoup...

Et puis cela s'effondre (car le marché ne permet pas un décalage durable entre le prix et la valeur d'une marchandise) et le processus recommence en prenant un autre objet de spéculation.

L'inflation est donc le fruit d'une surproduction structurelle du capital, caractéristique de la crise générale du capitalisme, mode de production anarchique et dépassé historiquement.

L'inflation permet aussi à la bourgeoisie de tenter de faire payer sa crise au prolétariat, en accroissant encore et toujours l'exploitation des travailleurs : alors que les prix de toutes les marchandises augmentent, celui de la force de travail stagne.

Les organisations syndicales et la lutte contre l'inflation

A l'heure où l'inflation atteint 6 %, les organisations syndicales entament seulement une campagne pour " la défense du pouvoir d'achat ", campagne qui a vaguement culminé lors de la journée de grève(ke) et d'action du 6 octobre. Pas de véritables mobilisations dans les entreprises et les services publics, pas d'action sérieuse. Surtout, ne rien faire qui puisse gêner le gouvernement et, en particulier, le P.S.

La seule mesure défensive, minimale, efficace pour défendre réellement les salaires réels (car c'est de cela qui se cache derrière le "pouvoir d'achat"), c'est l'index. Non pas l'index-croupion actuel qui ne sert qu'à préserver la paix sociale par la collaboration des syndicats. Un véritable index. Un index qui suit la hausse de prix de toutes les dépenses des travailleurs: loyers, nourriture, vêtements, chauffage, frais de santé, frais scolaires et d'autres postes nécessaires, y compris les transports et la culture. Toute autre proposition n'est qu'une diversion, comme la demande de diminuer les taxes sur le gaz, le mazout, l'essence, lancée par P.S. et adopté par un PTB définitivement devenu la "cinquième roue" de la charrette social-démocrate. L'application de cet index aux salaires, aux allocations et aux pensions, c'est tout simplement une hausse générale des salaires et des allocations sociales de 6%. Et cela même n'est qu'une mesure de défense immédiate, car le travail est toujours plus productif, et la plus-value que le Capital peut extraire de la journée de travail ne cesse de croître, même sans rogner sur le salaire réel des travailleurs.

Comme la crise est profonde, et le rapport de forces défavorable aux travailleurs, "les patrons et le gouvernement ne seront pas d'accord !" pour maintenir l'index.

C'est certain. Trouver des milliards pour voler au secours des actionnaires de Fortis et de Dexia (en prétendant voler au secours des épargnants...) ne pose aucun problème. Mais c'est une autre chanson quand il s'agit d'assurer un niveau de vie digne à ceux qui créent la richesse réelle de ce pays (pas les spéculateurs ou les exploiteurs, mais ceux qui construisent les immeubles, qui fabriquent les biens de consommation, qui transportent et qui soignent les personnes).

L'inflation et la lutte des communistes.

Il ne s'agit pas d'avoir l'accord du gouvernement et des patrons, ni même de négocier avec eux, mais de rétablir un rapport de force entre eux et nous qui les obligent à céder. A d'autres époques de l'histoire, pas tellement éloignées, la force du prolétariat international - qui avait conquis le pouvoir politique en Union Soviétique - lui a permis de nombreuses conquêtes, en Belgique et ailleurs. L'indexation des salaires, la réduction du temps de travail, les congés payés ne sont pas le fruit de la générosité d'un capital moins en crise. Même en crise, le capital ne cède pas, et ne rompt pas sans qu'on l'y contraigne : au contraire, il lui est plus essentiel que jamais d'accroître l'exploitation.

Récemment, les compagnies aériennes, la direction de l'aéroport de Zaventem, et même les délégations syndicales étaient opposées à la grève des bagagistes. Mais les bagagistes ont obtenu satisfaction sur une partie de leurs revendications. Par peur de la contagion les médias et les organisations syndicales ont soigneusement passé cela sous silence.

Par le chômage économique, les fermetures plus ou moins temporaires et plus ou moins déguisées, le capital tente de faire payer la crise aux travailleurs. Son fonctionnement anarchique lui impose aujourd'hui d'essayer d'imposer une flexibilité inouïe aux prolétaires. Dans ce cadre, les luttes spontanées se multiplient.

Il faut rétablir le rapport de force en développant nos moyens de lutte. La revendication de l'index est la base d'une solidarité entre tous les travailleurs. Elle offre la possibilité d'étendre le mouvement aux luttes contre les licenciements, les restructurations, les cadences infernales, les attaques contre les délégués. Cette lutte ne peut être efficace que par la création de comités de lutte syndicale, de groupes d'opposition syndicale aux trahisons social-démocrates au sein des organisations réformistes.

Elle ne peut être efficace que dans la perspective de la construction d'une organisation communiste des avant-gardes révolutionnaires, qui cimentera idéologiquement le prolétariat en lui permettant de se réapproprier sa glorieuse histoire. C'est ainsi seulement, en combattant de front le capitalisme et sa crise que nous pourrons nous libérer définitivement de l'économie marchande, et mettre fin à l'exploitation de l'homme par l'homme.

Même en crise, le capitalisme ne tombera pas tout seul : abattons-le !

Contre la bourgeoisie et son Etat

Contre les larbins du capitalisme

La lutte de classe, dirigée par un Parti Révolutionnaire

Jusqu'au communisme!


Bloc Marxiste-Léniniste

Octobre 2008

(Tract distribué lors de la journée d’action syndicale du 6 octobre 2008 et publié dans Clarté N°10)